Halloween approche à grands pas, et avec elle, son lot de frissons et de mystères ! Petits et grands prennent plaisir à frissonner, à coups de costumes plus effrayants les uns que les autres et de films « spooky ». C’est la peur qu’on « aime » ressentir bien que fondamentalement, la peur soit plutôt désagréable. C’est donc l’occasion pour nous de s’interroger sur cette émotion fondamentale qu’est la PEUR. Et de regarder de plus près les six trouilles les plus répandues.
6 peurs fondamentales
Les six peurs fondamentales sont souvent décrites comme étant à la base des angoisses humaines. Elles sont profondes, souvent inconscientes, et influencent notre comportement. Diverses études en psychologie les identifient et tentent d’expliquer leur origine, leur fonction, et leur impact sur la vie des individus.
1.La peur de la pauvreté
La peur de manquer de ressources matérielles est l’une des plus répandues. Elle est souvent associée à l’incertitude et au besoin de sécurité financière. Selon des études sur l’anxiété financière, cette peur peut mener à des comportements excessifs comme la sur-épargne, l’avarice, ou des risques excessifs dans des investissements hasardeux. Des recherches montrent que cette peur est souvent héritée de l’environnement familial ou culturel. Et qu’elle peut provoquer du stress chronique.
2. La peur de la critique
La peur d’être jugé ou rejeté par les autres est très courante. Des études en psychologie sociale montrent qu’elle peut limiter l’expression de soi et la créativité. Les personnes qui souffrent de cette peur tendent à rechercher l’approbation des autres, ce qui peut mener à une faible estime de soi. Cette peur est souvent exacerbée par les réseaux sociaux, où l’image publique est constamment exposée.
3. La peur de la maladie
Cette peur, connue sous le nom d’hypocondrie quand elle est extrême, est liée à l’instinct de survie. Des études montrent que cette peur augmente avec l’âge ou après des événements traumatiques liés à la santé. Elle est aussi exacerbée par les conditions modernes comme l’accès facile à des informations médicales (souvent mal comprises) sur Internet. Cette peur peut entraîner des comportements obsessionnels vis-à-vis de la santé ou au contraire un évitement des consultations médicales par crainte de recevoir de mauvaises nouvelles.
4. La peur de perdre l’amour
La peur de perdre l’amour ou d’être rejeté dans une relation intime est souvent liée à des attachements anxieux, comme décrit dans les théories de l’attachement. Les études montrent que cette peur peut conduire à des comportements de dépendance affective ou de jalousie, nuisant à la stabilité des relations. Les personnes qui craignent la perte de l’amour sont souvent très sensibles au rejet et peuvent anticiper des séparations même en l’absence de menaces réelles.
5. La peur de la vieillesse
La peur de vieillir est souvent associée à la peur de la perte de vitalité, de l’indépendance et de l’apparence physique. Des recherches dans la psychologie du vieillissement montrent que cette peur est particulièrement forte dans les sociétés où la jeunesse est valorisée. Les personnes ayant une mauvaise perception de la vieillesse tendent à ressentir davantage d’anxiété et de dépression en vieillissant. Cependant, les études suggèrent aussi que cette peur diminue avec l’âge, lorsque les individus acceptent plus facilement la réalité du vieillissement.
6. La peur de la mort
La peur de la mort, ou thanatophobie, est l’une des plus profondes. Des théories comme celle de la gestion de la terreur (Terror Management Theory) expliquent que cette peur sous-tend de nombreuses actions humaines, influençant des croyances religieuses, philosophiques et existentielles. Les études montrent que cette peur varie selon les individus en fonction de leur âge, de leurs croyances religieuses ou spirituelles, et de leur expérience personnelle avec la mort. Certaines personnes la surmontent en cherchant un sens à leur vie ou en développant une résilience spirituelle.
Que retenir de nos peurs fondamentales:
Ces six « trouilles » ou peurs fondamentales sont toutes enracinées dans des besoins humains profonds : sécurité, acceptation, amour, et survie. Les recherches montrent qu’elles peuvent être gérées, notamment par des techniques de thérapie cognitive-comportementale (TCC), des pratiques de pleine conscience, ou encore par l’évolution personnelle au fil des expériences de vie. Chacune de ces peurs influence nos comportements de manière subtile ou intense. Mais comprendre leur origine peut aider à mieux les apprivoiser.
La peur est une émotion archaïque héritée de l’évolution, marquant notre vigilance instinctive face aux dangers potentiels, qu’ils soient réels ou imaginaires. Quand elle ne relève pas de la thérapie, la peur est une émotion très utile que j’interroge régulièrement dans les coachings que je mène. Reconnaître sa peur, la relier au danger réel ou perçu (dans plus de 80% des cas, le danger n’est pas réel, nous ressentons alors des peurs dites d’anticipation) permet de réfléchir à ce qui permettrait de sécuriser la personne. Je me souviens notamment de cette cliente, directrice d’une grande équipe, qui devait faire un « speech » devant plus de 100 personnes et qui angoissait terriblement au point d’imaginer être virée après sa présentation. Nous avons travaillé cette peur en la regardant de plus près, ce qui lui a permis de l’accepter et de travailler à ce qui la mettrait en sécurité le jour J.
Et vous, quelles sont vos plus grandes trouilles? Et comment les apprivoisez-vous?
Sources:
– Sonia Lupien – Dans « Par amour du stress : comment tirer profit de ses hormones du stress sans se rendre malade » (2014), Sonia Lupien, neuroscientifique spécialisée dans le stress et la peur
– Joseph LeDoux – Dans « Anxious: Using the Brain to Understand and Treat Fear and Anxiety » (2015), Joseph LeDoux, neuroscientifique renommé, décrit la base biologique de la peur et de l’anxiété
– Alexandre Charlet – Alexandre Charlet, neuroscientifique à l’Institut des neurosciences cellulaires et intégratives de Strasbourg, a partagé dans un entretien pour Savoir(s), le quotidien de l’Université de Strasbourg une étude sur la peur primitive. Selon lui, la peur déclenche des réactions automatiques dans le cerveau pour préparer à des dangers immédiats.